COMPTE-RENDU de la VISITE
sur le SITE de MAUTHAUSEN

Quatre professeurs de l'A.P.H.G. d'Aquitaine - Nicole BISPALIE, Bruno CHARBONNIER, Roland BOISSEAU & Jean-Marie NOEL - ont participé les 28 et 29 octobre 2001 au symposium "De l'Europe nazie à l'Europe du XXIe siècle" organisé à Linz par l'Amicale de Mauthausen.


Selon les témoins "il faut que les professeurs soient la Mémoire".


Les rescapés, 28 octobre 2001

La journée du dimanche 28 octobre était consacrée au "travail de mémoire". Le matin les témoins ont amené les professeurs faire le circuit de Mémoire au camp central, puis l'après-midi la réflexion s'est concentrée sur quatre ateliers. Le nôtre, auquel a activement participé l'Inspecteur Général Dominique BORNE, avait pour thème "les monuments, consciences nationales et esthétiques de la Mémoire". Les vingt professeurs français et autrichiens qui y participaient ont organisé le travail sur le site où 20 monuments de 20 nations différentes commémorent la tragédie de ces Européens.

Tous ces monuments nationaux prètent à réflexion par leur multiplication et le sens que l'on doit attribuer à leur message idéologique. Ils conduisent à s'interroger sur l'hypothèse d'une Mémoire Européenne de la déportation.

Le premier construit a été le monument français : haute tour-cheminée, sévère, dressée vers le ciel surmontée d'un cœur. A côté, le monument aux Espagnols : simple mur, avec des plaques mais très évocatrices. L'art contemporain de la fin du XXe siècle, irréaliste, torturé, qui emploie des matériaux, de la pierre au métal, symbolise les souffrances, les espoirs de ces prisonniers, leurs cris de délivrance et de liberté. Ils sont construits à l'extérieur du camp, sur le terrain de granit mais empiétant sur l'espace de ce même camp.

Est-ce que cette multiplicité était nécessaire ? d'autant que certains Etats qui ont érigé un monument n'existaient pas pendant la guerre, en tant que tels. Seules les nationalités auraient du être représentées en un ensemble unique mais grandiose et exhaustif sans empiéter sur l'espace du drame.

Des murs de métal muets, sans inscription (R.F.A.), des murs couverts de plaques commémorarives (Italien), des pans de murs coupés en bout de rails (Tzigane) - le dernier à avoir été érigé en 2000, une dalle tombale en marbre blanc surmontée d'une colonne tronquée (Grec), des statues de métal où le squelette, l'homme décharné, voisine avec les fils de fer barbelés, des hommes stylisés levant les bras (Hongrois, Tchèque) ou le chandelier à sept branches (Israélien). Enfin un ensemble très controversé, placé à l'entrée de l'escalier de la carrière : portique, tobogan qui représente le monument aux enfants. A l'entrée du camp, à gauche, l'ensemble qui s'éparpille est dominé par la monumentalité de la réalisation artistique soviétique.


Monument bulgare

Les solutions à nos réflexions sont insolubles actuellement, du moins par nous même, en l'absence d'un consensus politico-européen.

Nicole BISPALIE